A la poursuite des "Tricots rayés" / In pursuit of the "tricots-rayés"

La Nouvelle Calédonie, territoire français, est un archipel situé dans le Pacifique Sud entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Il est entouré du plus grand lagon du monde, classé à l'Unesco, et protégé d'une immense barrière de corail.

Dans ce cadre paradisiaque, vivent deux serpents marins surnommés "Tricots rayés". On les retrouve sur de nombreuses îles et îlots. Ils sont tellement connus qu'une marque de vêtements a emprunté leur nom.

Depuis 2002, une équipe de scientifiques dirigée par Xavier Bonnet (CNRS de Chizé), travaille à une meilleure connaissance de ces animaux. Déjà plus de 7000 serpents ont été marqués. Pour le scientifique, avoir "sous la main" une population abondante, permet de meilleures observations et analyses.
J'ai eu la chance et le plaisir d'intégrer cette équipe pendant deux semaines en décembre. Quoi de mieux que cette vie à la Robinson, sur des îlots déserts, à manipuler des serpents une bonne partie de la journée ? J'ai adoré débarquer sur les plages de l'îlot Améré, dans la réserve intégrale, vierge de toute trace de pied, où l'on découvre les empreintes du passage des serpents et des crabes.
Contrairement à la majeure partie des espèces de serpents marins, les "tricots rayés" viennent à terre afin de réguler leur température, digérer, s'accoupler et pondre. Nous avons même observé quelques serpents, en train de boire des gouttes d'eau douce, sur les feuilles après la pluie. En ce mois de décembre, nous trouvons de nombreuses "mating ball", souvent composées d'une grosse femelle et de 4 ou 5 mâles.
Les plus grands spécimens de l'espèce Laticauda saint-gironsi (des femelles), dépassent rarement 1,30 mètres. Leur tête est petite. Leur corps arrondi, couleur marron-brique annelé de noir, se termine par une queue plate. Elle leur permet de se propulser, mais aussi d'effectuer des marches arrières quand ils ont pénétré dans une anfractuosité au milieu des coraux, où ils vont chasser. On peut les retrouver à terre à plusieurs centaines de mètres du rivage, et parfois même sur les basses branches de vieux arbres.
L'espèce Laticauda laticaudata est morphologiquement assez semblable, avec une belle couleur bleue annelée de noir. Elle est très liée aux plages de rochers, où elle se cache.
Ces deux espèces ont un venin très actif sur leurs proies, qu'elles doivent tuer rapidement, de façon à ne pas subir de grave morsure. Néanmoins, beaucoup des 500 animaux étudiés durant ces 15 jours, présentaient des cicatrices.
C'est principalement le soir, à l'heure où les serpents rentrent de leur chasse, que nous collectons des animaux. Chacun est alors décrit selon ses particularités propres (nombre d'anneaux, tâches sur le corps), mesuré, pesé, marqué à l'aide d'un "fer" (quelques écailles sont brûlées superficiellement. Elles représentent unités, dizaines, centaines, milliers) puis relâché. C'est ainsi que des individus ont été retrouvés plusieurs fois depuis le début des études.
Ceux qui arrivent avec une proie non digérée, nous les faisons déglutir de façon à identifier leur prise et en prélever l'ADN. Ce sont principalement des murènes et des congres dont de nombreuses petites espèces, souvent très colorées, habitent les récifs coralliens. Certaines ont pu être connues des scientifiques grâce à cette pratique.
Je remarquais, lors de mon voyage, que les études portant sur les "Tricots rayés" loin de se limiter à la connaissance de ces espèces, permettent de mesurer la bonne santé du lagon.


In pursuit of the "tricots-rayés"

New Caledonia, French territory, is an archipelago of South Pacific, situated between Australia and New Zealand. It is surrounded with the biggest lagoon of the world, classified to Unesco, and protected by an immense coral reef.
In this paradisiac surrunding, live two marine snakes called "Tricots-rayés" (lined-sweaters). We find them on numerous islands. They are so known that a brand of clothes took their name.
Since 2002, scientists' team managed by Xavier Bonnet (NATIONAL CENTER FOR SCIENTIFIC RESEARCH of Chizé), work on a better knowledge of these animals. Already more than 7000 snakes were marked. For the scientist, to have "under the hand" a plentiful population, allows better observations and analysis.
I was lucky and have the pleasure to join this team during two weeks in December. What better than this life of Robinson, on deserted islands, manipulating snakes a good part of the day? I liked off-loading on the beaches of the island Améré, in the complete reserve, virgin of any track of foot, where we discover the imprints of snakes and crabs.
Contrary to the major part of the species of marine snakes, the "tricots-rayés" come on the ground to regulate their temperature, digest, couple and lay. We even observed some snakes, drinking drops of soft water, on leaves after the rain. In this December, we find numerous "mating ball", often consisted of a big female and 4 or 5 males.
The biggest specimens of the species Laticauda saint-gironsi (the females), rarely exceed 1,30 meters. The head is small. Their rounded body, color chestnut-brick annulate of black, ends by a flat tail. She allows them to trot, but also to make reverses when they penetrated into a crevice in the middle of corals, where they are going to hunt. We can find them on the ground in several hundreds of meters of the bank, and sometimes even on the low branches of old trees.
The species Laticauda laticaudata is morphologically rather similar, with a beautiful blue with black coil. It is very minked with the beaches of rocks, where it hides.
These two species have a poison very active on their preys, which they have to kill quickly, for their  safety. Nevertheless, many of 500 animals studied during these 15 days, presented scars.
We collect animals mainly the evening, when snakes return from their hunting. Each is then described according to its characteristics (number of rings, tasks on the body), measured, weighed, marked with a "branding iron" (some scales are superficially burned. They represent units, tens, hundreds, thousands) then released. That's how, some snakes were found several times since the beginning of the studies.
Those who arrive with a not digested prey, we make them swallow out to identify their taking and take its DNA. They are numerous small species, mainly moray eels and congers, often very colored, live in coral reefs. Some species were able to be known by scientists thanks to this practice.
I noticed, during my journey, that the studies on "tricots-rayés", instead of limiting itself to the knowledge of these species, allow to measure the good health of the lagoon.